Entretien avec Christian Le-Curieux Belfond
Afin de mieux connaitre Mr. Le Curieux-Belfond, voici quelques renseignements le concernant.
Christian est né en juin 1940. Il fut durant 26 ans au service de la Marine Nationale de Novembre 1957 à Aout 1983. Il commença sa carrière militaire en tant que Timonier, diplôme obtenu à l’école des timoniers au Cap Brun (Toulon) en juin 1958. Il embarqua sur de nombreux navires et navigua à travers le monde. En 1965, il se spécialise en prenant des cours de plongées jusqu’à -40 mètres. Il devient alors plongeur démineur, habilité à travailler sur des puits, neutralisation de mines, maniements d’explosifs, utilisation de toutes sortes d’embarcations de 14 mètres.En 1968; il se spécialise à l’utilisation de scaphandre à casque lourd.
De cette époque et ce jusqu’en 1975, Christian Le Curieux-Belfond, évolue de plus en plus au sein des plongeurs démineurs en finissant par devenir Administrateur pour la spécialité de Plongeurs-Démineurs(diplômé de l’école de plongée de la Marine Nationale de Saint-Mandrier) Toulon.
De 1975 à 1983, Christian Le Curieux-Belfond fut affecté au GERS, devenu en 1976 le GISMER « Groupe d’Intervention Sous la Mer ».
Il participe à diverses plongées et expériences de tables, saturation -180 à -250 m et interventions jusqu’à -180 en tourelle ou sous -marin crache plongeurs. Il participera aussi à certaines missions pour la COMEX.
De 1984 à 1986, il travaillera en tant que Plongeur Professionnel Free-Lance à travers le monde pour de multiples sociétés, service d’état ou entreprises privées.
De 1986 à 1988, il fera partie de l’équipe du Commandant Cousteau.
De 1988 à 1996, il sera au service de sociétés perlières de Tahiti.
Entretien avec Christian Le Curieux-Belfond:
Comment êtes vous arrivé chez Cousteau?
-Une amie de la Bergère (surnom de la 1ere femme de Cousteau) lui a remis mon CV alors que j’habitais à l’époque à Sanary sur mer près de Toulon.
Votre venue dans l’équipe Cousteau est elle une envie personnel ou tout autres?
Oui et aussi un concours de circonstances et de la chance: départ du chef plongeur Coll, le CV remis à la Bergère, l’intérêt de Cousteau car j’ai fini ma carrière au GERS crée par lui- même et une place vacante dans son équipe.
Connaissiez vous le monde de Cousteau avant d’en faire partie et est ce cela qui vous a poussé a y venir?
-Oui, je suivais tous ses films, l’occasion, la chance
A combien de mission avez vous participé?
-Anniversaire 75 ans de Cousteau, le 16 juin à Mount Vernon (demeure de Jefferson) et le lendemain 17 juin le jour de mon anniversaire, entrée à la barre de Calypso dans le Port de New York (FABULEUX!), Haïti, Cuba;Convoyage d’Alcyone de Puntas Arenas (Chili) par les canaux de Patagonie, par Valparaiso, et jusqu’à Mazatlan (Mexique) en Mer de Cortes; Ile Coco. Les Galapagos, les Marquises, et la Nouvelle Zélande. Cessation en juillet 1988 après la Nouvelle Zélande (4 mois de mission).
-En fait, JYC employait le système marine marchande 3 mois de mission/1 mois et demi de congé. On laissait Calypso ou l’on avait fini la mission, et l’on rentrait par avion à la maison. J’étais basé à Norfolk en Virginie à l’époque. On a laissé la Calypso à Tahiti après la mission Nouvelle-Zélande.
Comment c’est passé votre embauche et votre venue sur Calypso?
-A Monaco pour « voir nos Binettes » disait JYC. Déjeuner dans une pizzéria puis Musée de Monaco dont il était le directeur à l’époque. Tout ça, à la bonne franquette.
Ou avez vous embarqué sur Calypso?
-A St Augustine (Floride) Calypso était en grand carénage
Avec qui étiez vous dans la chambre et vous rappelez vous sont implantation?
-Seul dans la 1ere cabine à bâbord. Lorsqu’on recevait un scientifique, il était reçu dans la 2eme bannette (lits superposés) + un petit bureau. J’étais privilégié car l’équipage était dans des postes à 4 lits.
Avez vous faits des photos ?
-Selon le processus Cousteau: à chaque mission on recevait autant de pellicules diapos 36 poses que l’on voulait. On prenait ce que l’on voulait mais les pellicules étaient développées par la société Cousteau. Ils gardaient l’original de ce qui les intéressait et nous faisait des copies.
Comment ce passait les quarts a bord de Calypso?
-J’étais chef de quart-maître de manœuvre et chef plongeur. J’avais dans mon quart un matelot Tahitien TeriiAunuiLoyat. Albert Falco (Bébert) avait eu la bonne idée de mettre les gens des Iles ensemble (moi de la Martinique dont ma famille est originaire depuis 1653) et mon matelot de Tahiti. Les quarts se déroulaient comme dans la marine nationale: 8h à 12h; 12h à 16h;16h à 18h; 18h à 20h; 20h à 24h; 00h à 04h; 04h à 08h.
Veille- sécurité- navigation- etc….. On tournait à 4 équipages.
Comment prépariez vous les plongées et les différentes prises de vues nécessaires à la réalisation des futur documentaires?
-JYC avait une méthode personnelle pour les films. Au lieu de faire un scénario écrit d’avance avec plans et scènes-prises de vues réglées à l’avance comme cela se fait pour un film normal, il faisait le contraire. On prenait tout ce qui se présentait à l’improviste en fonction des circonstances, et avec la matière construisait le scénario dont il avait une idée dans la tête. C’était la seule méthode valable dans notre cas. S’il manquait des plans, on complétait. Evidement il y avait auparavant une enquête sur le pays et les points intéressants faite par le personnel de la société Cousteau. La méthode marchait très bien.
Avez fait partie des hommes qui ont plongée sur la zone de mururoa?
-Non, j’ai débarqué juste avant Mururoa. J’étais déjà embauché dans une ferme perlière de Mr. Robert Wan (l’empereur de la perle noire), et un jour, j’ai vu mes anciens compagnons de Cousteau débarquer sur l’île où je travaillais pour faire un reportage sur la ferme perlière. Nous étions d’ailleurs tout surpris et heureux de nous retrouver dans cette ferme de Taku aux Gambiers
En quelques mots comment définiriez vous le navire Calypso dans vos souvenirs?
-Une merveilleuse aventure de 3 ans, mais une parmi tant d’autres. J’ai fait des plongées bien plus difficiles tout au long de ma carrière de plongeur qui a bien duré 50 ans. J’ai un peu levé le pied pour le moment.
pour vous alors actuel qui ou quels sont les hommes médiatiques qui peuvent être les éventuels successeur de Cousteau?
-Il est paru un spécial Géo sur Cousteau il y a quelques années qui répond mieux que moi à la question génération Cousteau. Il est vrai qu’il a donné l’impulsion et a fait découvrir la mer au grand public, mais il existe maintenant d’autres documentaires bien mieux et avec de meilleurs moyens, en particulier Jacques Perrin qui a réalisé « Océans » avec des anciens de la Calypso.
-Personnellement, j’ai beaucoup d’admiration pour Tabarly, Moitessier, Alain Gerbault et ceux qui font la course autour du monde en voilier. Mon rêve est de posséder un voilier — pas en plastique, un ancien — pour continuer mon aventure personnelle.
Merci à Christian Le Curieux Belfond pour avoir bien voulu répondre à cette interview en lui souhaitant de vivre un jour son rêve tout en sachant que son aventure à bord de Calypso nous a fait nous rêver. Et comme on dit dans les iles:
merci; au revoir
Maururu ; nana