ENTRETIENT AVEC MR JACQUES RABBIARE QUI FUT MOUSSE POUR LE MUSEE DE MONACO
Message: Bonjour
En 1984 et 1985 j’ai servis comme « petit mousse » sur la Physalie avec
Marcel et Marc puis j’ai embarqué sur la Winnaretta avec Paul Zuéna comme Capitaine Edmond Laffont comme second Antoine comme mécano et gilles Pérez comme cuistot . Nous sommes partis au cap Corse en Décembre. puis différentes missions sur la Riviera et au Maroc en Juin1985 en faisant du cabotage de Monaco jusqu’aux îles chafarines.
J’y ai rencontrés plusieurs membres de la calypso dont simone Cousteau (mais pas le commandant). Je suis partis en Juillet 85 pour effectuer mon service national dans la royale.
Ce fut dans le cadre d’un stage d’insertion de jeunes quittant l’école sans diplômes (je viens de passer un BTS à 50 ans), que je découvris le monde de la mer avec des stages embarqués et un peu d’école. J’arrivais au musée océanographique de Monaco mon stage permanent après 3 année comme mécanicien tourneur dans un collège.
J’embarquais tout d’abord sur la Physalie avec Marcel et Marc.
Cours de matelotage( quelle patience avait Marcel avec moi il me fit refaire le nœud de chaise une cinquantaine de fois, mais aujourd’hui c’est gravé) sortie tous les jours à la mer pour poser des nasses et faire du chalutage (c’était encore permis et la taxifolia n’était pas encore là)
devant le musée et au cap Martin.
Un beau jour (2 ou 3 semaines plus tard) Marcel me présente à Paul Zuéna et j’embarque avec Edmond Laffont comme second,gilles Perez comme cuisinier et matelot et Antoine comme mécanicien.
Ce sera ma plus belle expérience de travail, mais je ne le savait pas encore,La première chose que Paul m’aie dite fut: « ici à bord c’est la famille » et d’emblée je fit partis de la famille adopté des le 1er jour et traité d’égal à égal avec les autres les vieux loups de mer.
lui »Que sait tu faire? » moi « rien ,je sort de l’école « sourire , yeux rieur, « tu vas apprendre » et j’appris. Des fois à mes dépend « va jeter ce sceau d’eau » je reviens trempé sous les rires de l’équipage « leçon n° 1 toujours regarder d’où vient le vent seul les cap-horniers ont le droit de pisser contre le vent ».
Une autre fois Edmond m’enjoint de hisser le pavillon, je m’exécute. quelques minutes plus tard rires d’Edmond _puis de tous_ (????) explication tu vient de hisser le pavillon Polonais et en plus tu l’a mit en berne. On est à Monaco.Bref petit à petit le métier est rentré ,au point qu’un beau jour en mer de quart au mouillage; tout l’équipage va dormir du sommeil du juste et je me retrouve seul à la veille avec la responsabilité (à 17 ans) du bateau et de l’équipage.Paul monta 3 fois à l’assaut du cdt Roy qui dirigeait le musée (Cousteau était le directeur mais il était accaparé par l’Alcyon son nouveau bébé)et 3 fois le cdt Roy refusa de m’embaucher sous prétexte de charges .
Lorsque nous étions à quai nous mangions au musée ce qui me permis de connaitre Simone Cousteau qui mangeait avec nous ,elle papotait avec ses amis et je m’asseyais tout à côté d’elle, j’ouvrais toutes grandes mes oreilles et j’écoutais (religieusement)j’étais en admiration devant cette femme qui avait participé à toutes les missions, perdue un fils, c’était aussi par intérim la maman du bord ,l’infirmière,la confidente l’amie d’où son surnom de » la bergère « je savais par Paul qu’elle avait financé de ses deniers personnels les premières missions., je voyais dans les yeux de ceux qui la connaissait de l’admiration. et jamais elle ne disait un mot sur elle , elle avait du commandant plein la bouche, le commandant par ci le commandant par là.
Une autre fois croisant un employé du musée ,un grec, ancien matelot du yacht d’Onasis. Elle disait » qu’il était formidable » et qu’elle était en admiration devant lui car il parlait 3 ou 4 langues, Mais elle aussi était polyglotte mais elle ne se trouvait pas formidable elle se trouvait « normale ».
En Janvier 85 il neigea sur la côte d’azur et ce fut l’occasion pour Paul de nous narrer la mission en Antarctique » la plus dure, mais la plus belle » « sur la fin, 8 mois, il ne restait plus rien à manger que du lait et des biscuits d’apéritifs, alors le coq nous faisait une soupe au lait et aux biscuits » » il fallait piqueter tous le temps le pont nuits et jours car les embruns gelaient vagues après vagues sinon le pont aurait été surchargé et nous coulions »
Il fallait voir Paul en ce temps là il avait une cinquantaine d’année (mon age aujourd’hui) avant de commencer à raconter il commençait par se lisser la moustache avec la main droite, il souriait attendait un peu que l’auditoire se concentre , l’œil rieur et malin et il nous racontait les coulisses de la Calypso tous ce qui se passait hors caméra hors tournage une fois en mer rouge (lorsqu’il faisait chaud) une autre à New York ou au Mexique (ce qui me donna envie de voyager j’en suis à 40 pays sur 4 continents et l’année dernière me baignant dans la mer Caspienne je me surpris à penser: » enfin j’aurai vu une mer que Paul n’a pas vu! »
En ce qui concerne les missions je fait cela de mémoire et après 33 ans donc je vais faire ce que je peut .L’accès au carnet de bord de la Winnaretta qui doit se trouver dans un endroit quelconque serait plus fiable (voir les caves du musée ou les affaires maritimes de Nice ).
De plus je n’étais pas tous le temps à bord car des fois j’étais (pour mon plus grand regret) en cour. Fin Novembre ou début décembre 1984 mission Océanographie cap Corse Monaco la Giraglia Bastia (et retour, avec au passage l’ile d’Elbe) _c’est curieux pendant que j’écris je ressent les émotions que j’avais à l’époque ,bref je revis le film_
encore en vue de Monaco 2 dauphins nous rejoignent en quelques sauts et
montent à l’étrave, première navigation hauturière pour moi : l’horizon de toutes part plus de terre en vue, découverte des instruments: radar , compas ,table à carte, barre,radio.Puis navigation de nuit, ambiance encore plus géniale à bord :c’est simplement magique.
Avec un chercheur du musée analyses d’eau de mer qui au large de la corse se révélera douce ??? explication le fleuve Var est très puissant et part dans un canyon profond de 4000M environ, il ne se mélange pas tous de suite à la mer.
Extraction de boue du fond avec des crevettes à l’intérieur qui sont mises en aquarium en eau de mer propre , le lendemain ou le surlendemain des rejets apparaissent au fond de l’aquarium qui intrigue notre chercheur après analyse » grande découvertes » les crevettes sont sur le pont et soumisent au tangage et roulis du bateau , elles souffrent du mal de mer et vomissent (je vous jure que c’est vrai !!).
Autre mission après (mais pas sur de la date) le bateau RAMOGE qui effectue des analyses de rejets des fleuve entre gênes et St Raphaël est en panne nous le remplaçons pour cette mission (en remerciement le maire de Monaco nous offre le restaurant à tout l’équipage mousse compris ); donc analyse d’eau de mer entre St Raphaël et Vintimille pour moi c’est la découverte de ma région vu par la mer et elle est encore plus jolie avec les Alpes enneigés sur toile de fond mer bleue ,ciel bleu) toujours des dauphins et des globicéphales qui eux nous dédaignent et ne viennent jamais à la proue.
Ils font une mission sans moi (les salops!!!) ces messieurs s’en vont pêcher le requin ,en Corse à la palangre pour Yves Rocher qui analyse les foies pour une éventuelle fabrication de cosmétique seul le foie est analysé le reste du requin est consommé par l’équipage et à mon retour à bord je me feras « une fourre » de requin, mais c’est délicieux et je n’en aurai jamais mare.
Mai est déjà là et nous emmenons un plongeur du musée dans la rade de Villefranche sur mer pour prélever des éponges et des coraux rouges afin de les installer dans l’aquarium à Monaco . En ce qui concerne l’aquarium en Novembre changement d’une pompe qui puisait l’eau de mer et je pense que c’est là qu’un minuscule morceaux de taxifolia à dû s’échapper . début des essai d’un aquarium sans entretien qui fonctionne en circuit fermé.
30 Mai 1985 je passe à Nice mon xeme CAP de mécanicien tourneur (ce qui me fait profondément chi….)le bateau ,tous l’équipage et les chercheurs -dont le professeur Duguy directeur du musée océanographique de la Rochelle qui participa entre autre à la mission Antartique_m’attendent à Port-Vendre je les rejoints en train et nous voilà partis pour 1 mois de mer Monaco (Port-Vendre pour moi) Barcelone , Ibiza au passage l’ilot d’Alboran et un petit matin 1 ere vue de l’Afrique pour moi au cap des 3 fourches ( j’y suis retourné 6 fois) détroit de Gibraltar,alhoceima Mellilla les iles Chafarines et retour à Monaco.
Tous cela scindé en 2 missions de 15 jours la 1ere repérage de mammifères en mer ,et je suis devenus incollable avec une dorsale ou à la manière d’une baleine pour sonder je sais aujourd’hui distinguer un delphinus Delphis d’un grand Dauphin, une orque ou un globicéphale, un rorqual d’un cachalot grâce aux cours du professeur Duguy. En navigation Paul prenait le relais sextant le jour et la nuit cour de navigation astronomique (quand on a 17 ans peut on rêver de meilleure école et de meilleurs professeur? mieux que l’abbaye de Telleme de Rabelais !)
Je me souvient d’une fois ou devant Malaga (au grand large) la mer était couverte de dauphins ils étaient en chasse et ne s’occupaient pas de nous, une autre fois seul sur le pont j’ai vu un grand Marlin sauter en l’air se tortiller et retomber à l’eau Paul me donna l’explication de ce phénomène ils ont des vers qui les démanges et les font souffrir. Nous avons croisés une caretta caretta .
la nuit il y avait du plancton phosphorescent quand on était placé à la proue de la Winnaretta entre le plancton et les étoiles tout se confondait et on aurait dit que nous naviguions dans les étoiles. Dans les quart de nuit je me souvient de la cigarette de paul qui rougeoyait .
Au Maroc changement d’équipage
Donc changement d’équipe nouvelle mission analyse des roches sous_marine par émission acoustique genre sondeur . Nouveauté une femme scientifique à bord -mais qui ?-un étudiant d’origine Marocaine et 2 autres chercheurs tous de l’université de Montpellier. des géologues plus que des océanographes des gens très intéressants aussi . qui sont venus en avion nous rejoindre. une fois nous avons remarqué des dômes de sel nouvel enseignement maritime pour moi de la part de Paul : le boutakoff du nom d’un officier de marine russe qui a mis cette technique au point : une boucle pour revenir sur son point et non un demi tour qui à cause des vents et des courants nous ferais dériver . Autre incident le pont de la Winnaretta (en bois d’acajou) prend l’eau et arrive directement dans ma banette donc je dort dans une baignoire, pour m’éviter ce désagrément Edmond me sort un hamac et pendant 15 jours tous les soirs je dort dans un hamac dans le carré au dessus de la table à manger ( retour à Monaco autre leçon de Paul fil de coton et goudron pour étanchéifier le pont mais c’est le fil de coton en gonflant qui fait l’étanchéité et non le goudron.
Visite au Maroc chez des corailleurs qui m’offrent un énorme morceaux de corail et une éponge. Ils me racontent qu’ils travaillent pour des italiens et qu’ils ont peur de mourir car ceux ci n’hésitent pas à les balancer par dessus bord et faire route pour l’Italie une fois la récolte finie (on déclare pas le corail et on paie personne) je suis très gênè car je suis d’origine italienne (eux me croient français).
c’est Ramadan et le soir c’est la fiesta la journée paul nous interdit de sortir avec un bout de pain sur le pont lorsque nous sommes à quai pour ne pas avoir d’ennui. En fait Paul ne commande jamais quand il dit quelque chose tous le monde lui obéi instantanément car il dit la chose juste à faire au juste moment .
a un moment de la mission l’eau douce étant fournie par des cuves plus le droit de se laver jusqu’au prochain port. (pas grave)mais le droit de se raser (je n’ai pas encore de barbe). retour à Monaco tempête devant Malaga nous nous abritons au port et faisons du tourisme. retour à Monaco à la gare paul la chercheuse et moi même regagnons nos pénates en train sur le quai un ivrogne nous interpelle et nous raconte ses voyages en Afrique, quand il s’éloigne Paul nous dit goguenard « heureusement qu’il est là pour nous dires qu’en Afrique il fait chaud ».
j’ai gagné 4000Francs dans l’affaire et des souvenirs pour toute une vie ils me demandent de venir avec eux en mission en Corse au mois de Juillet ils vont à Aspretto avec des scientifiques Belges. Je refuse car je part au service militaire et avant j’aimerai rentrer chez moi en Italie (j’ai une maison dans les Alpes et je suis passionné d’Alpinisme et de grimpe).
D’ailleurs l’année suivante je me retrouve à Aspretto mais en face chez le 2eme REP.
Je ne suis pas commando mais je suis embarqué sur l’Ajonc le navire de l’école de plongée de la marine nationale . je quitte ensuite le monde de la mer pour un parcours hétéroclite fait de restaurant , de vignoble, de camion, de bus, d’immobilier.je retrouve la mer en 1996 en travaillant au Marineland d’Antibes ou j’assiste à la naissance de l’orque Valentin (qui est mort en 2016 dans les inondations) je rencontre Roland de la Poype _mon patron_ 16 victoires en combats aérien dans l’escadron du Normandie Niémen puis je travaille comme lamaneur au port d’Antibes avec Camille Rayon (début de la 2eme guerre mondiale: 2eme classe; à la fin vivant et commandant) Je passe un yacht master je m’embarque sur le Rominta et …. je rencontre ma femme je débarque et part travailler dans un vignoble à Nantes;
Je suis retourné plusieurs fois à bord comme invité, une seule fois j’ai vu ce grand marin provençal digne descendant de Pythéas céder face au mistral . Nous partions pour une mission aux île de Lérins et la Winnaretta devait doubler le cap d’Antibes avec du Mistral dans le nez ;Paul s’y repris à 3 fois mais à chaque fois il nous fut impossible de doubler le cap.
Pour ne rien casser il renonça c’est la force d’un grand marin que de composer avec la nature je retint( encore une fois) la leçon et c’est parce que des fois j’ai su _à l’instar de Paul – renoncer que je suis encore vivant après 33 ans d’Alpinisme (et aussi avec beaucoup de chances)